L'atelier des ovules


"Sculpter chaque ovule que mon corps de femme a porté... Chacun de ces ovules qui n'a pas connu la rencontre de l'autre, le Nous, le devenir... homme ? femme ? architecte ? poète ? militant rebelle ? insolite couturière ?" 

Oeuvres uniques

Grès et émaux de grès, patine


Le concept

Chaque mois, chaque lune se crée un ovule...

Un ovule porteur de toutes les possibilités humaines, de toutes les potentialités de vie, de toutes les combinaisons prêtes à accueillir d’autres combinaisons.

Chaque mois, chaque lune, la Vie se met en mouvement dans mon corps. Tout est mobilisé pour la création de l’autre, du différent, des autres possibles, des autres rêves, des autres quêtes...

 

Chaque mois, chaque lune, la Vie crée l’ovule. Puis me pare des milles appâts pour permettre la rencontre et l’incarnation du différent, de la création, du tout possible...

Chaque mois, chaque lune, l’ovule attend... et avec lui, mon corps se tend. Il attend la germination, il attend la condition sine qua non de sa naissance et de sa révélation. Il attend, au milieu des vicissitudes de la vie humaine, au milieu des flots des rencontres possibles ou impossibles, des krachs boursiers, des campagnes publicitaires et des inflations sociales. Il attend...

 

Chaque mois, chaque lune, l’ovule attend son ouverture, sa déchirure, moment suprême de la rencontre des possibles pour un autre possible...

 

Chaque mois, chaque lune, l’ovule se referme pour préparer son départ, pour accepter sa non-fertilisation. Et avec lui, mon corps engendre les flots sanguins qui viendront l’emporter au loin. Et l’accompagnant, mon âme porte cette déprime menstruelle discrète et oubliée, toujours redécouverte... Une voix s’élève, dans un pays que nul n’a pu découvrir, une voix s’élève et de sa noble éther susurre « je ne serai pas, je ne rirai pas, je ne rêverai pas, je ne te prendrai pas dans mes bras, je ne porterai pas, je ne créerai pas, je ne chanterai pas, je ne porterai pas ma profonde révolution, je ne marcherai pas dans les nouveaux champs découverts... mais j’ai été, le temps d’une lune, tous les possibles, tous les rêves, tous les chants, tous les bras, toutes les révolutions, toutes les découvertes ».

 

C’est au cœur du mois de mai 2008 que m’est apparue cette immense message de vie et de création que porte mon corps, lune après lune... A 42 ans, est-ce une étape avant l’entrée dans un autre monde, celui de la non-fertilité, de l’éteinte de l’ovulation ?

Qu’importe, j’ai pris acte de cette extraordinaire création permanente de la Vie dans mon corps. 30 ans de fertilité, environ, au moins, au plus... 12 lunes par année, si elles se tiennent bien dans l’immense univers cosmique et qu’elles ne s’égarent pas à imaginer 13 lunes par année... 360 ovules portés par mon corps de femme, 360 ovules le temps de la vie d’une femme, 360 ovules le temps du chemin d’une femme.

Et sur ce chemin, 2 merveilleux ovules devenus enfants, devenus immensités, devenus tous les possibles, devenus immenses champs de blé à nourrir, cultiver, accompagner, faire grandir et s’élever, pour toujours être porteurs de leurs rêves, de leurs révolutions, de leur lumière de vie.

 

Et sur ce chemin, 358 ovules qui me demandaient à être créés, vus, racontés, témoignés. Mes mains se sont saisies de la terre, poussière d’étoile et poussière d’ovules, et ont commencé à façonner, modeler, sculpter chacun de ces possibles, chacun de ces potentiels de vie...  

 

358 ovules tous différents, tous tremblants d’une déchirure inavouée, tous porteurs d’une force et d’une tendresse sans fin, tous en écho avec le cycle de l’immensité

cosmique toujours en mouvement pour un seul but : la Vie.

 

Me voilà donc sur le chemin d’une immense aventure artistique, qui racontera peut être un jour ce que l’on ne peut plus voir, ce que l’on ne veut plus entendre, ce que l’on ne veut plus sentir, ce que l’on ne veut plus goûter, ce que l’on écrase et que l’on détruit, par un vain souci de sécurité et de maîtrise, par un immense aveuglement face à la vie qui se crée, se transforme, évolue, toujours, lune après lune, siècle après siècle, laissant les Hommes dans le choix qui leur ait offert : être ou ne pas être, naître ou ne pas naître, vivre ou ne pas vivre, accueillir ou ne pas accueillir, semer ou ne pas semer, cultiver ou ne pas cultiver, honorer ou ne pas honorer...